27 septembre 2006

Lausanne - Atlantic "Le Retour"


Fermée par Europlex en juin, la salle de la rue Saint-Pierre va être reprise par quatre passionnés du septième art. Réouverture escomptée: le 17 octobre.

Un miracle. Ou presque. Après une décennie de fermetures successives de cinémas de quartier, Lausanne va voir une salle ouvrir. Ou plutôt rouvrir. L'Atlantic, navire amiral de 463 places, devrait, sauf écueil de dernière minute, accueillir de nouveaux spectateurs cet automne. Un contrat doit être signé aujourd'hui même entre la gérance de l'immeuble et quatre passionnés de cinémas. Des repreneurs qui préfèrent pour l'instant rester anonymes. Mais qui parlent, avec enthousiasme, de «leur» Atlantic: «Je suis persuadé qu'il y a une niche pour ce cinéma à Lausanne», explique Philippe* l'initiateur du projet. Ce quadragénaire a par le passé tenu les rênes de plusieurs salles obscures de Lausanne. «On ne peut quand même pas les laisser toutes mourir!»

Un cinéma plutôt qu'un dancing
Comme l'ABC ou le Lido, l'Atlantic a failli accueillir une piste de danse. Le patron d'un établissement public du quartier a fait une offre pour y installer un restaurant-dancing. Le «niet» est venu de Bâle. Plus précisément de UBS Fund Management, la société qui s'occupe de la stratégie immobilière du bâtiment. «Nous préférons maintenir un cinéma dans ce bel immeuble, explique-t-on du côté de Bâle. Nous devons aussi penser aux autres locataires.» Sous-entendu: un dancing, ça fait du bruit. «En plus, il ne reste à Lausanne presque plus de cinémas de ce type. Nous croyons à une salle à cet endroit. Ce sera bien pour le quartier et bien pour Lausanne. Mais si ça ne marche pas, on n'exclut rien.»

Des versions originales
Les repreneurs visent les 55 000 spectateurs par année, soit la fréquentation de la salle en 2005. Comment? En programmant des films «grand public de qualité». Philippe et ses partenaires espèrent ainsi sortir six «gros» films par an. Toutes les séances seront en version originale sous-titrée, le public visé étant «cinéphile et anglophone». «On va par exemple essayer de décrocher The Queen, le nouveau film de Stephen Frears, pour le 17 octobre, jour escompté de notre ouverture», lâche Philippe. Pour dénicher les bons coups, une ancienne programmatrice d'Europlex a d'ores et déjà été engagée.
Outre les «gros» films, l'Atlantic nouveau misera sur les pellicules qui viennent de quitter l'affiche des multiplexes. Il compte aussi proposer des avant-premières, des séances pour enfants, des films pour les communautés étrangères, des festivals de courts-métrages et des ciné-brunch. Un programme qui n'est pas sans rappeler celui du défunt Cine Qua Non de la première heure. Les nouveaux promoteurs de la salle veulent également louer la salle en matinée, pour des séminaires ou autres.

Alors viable, l'Atlantic?
«Si les grands distributeurs jouent le jeu, on peut s'en sortir, estime Philippe. On devrait pouvoir compter sur une partie du public qui fréquentait le Cine Qua Non et toutes les autres salles qui ont fermé à Lausanne.» Les repreneurs ont réussi à obtenir une importante réduction de loyer. Ils ont également pu racheter à très bon prix le matériel technique du cinéma. Regroupés en une société anonyme, ils reprendront le bail d'Europlex, qui court jusqu'à septembre 2008. Après ces deux ans, qui auront valeur d'essai, le bail pourra être prolongé. «Cette reprise est un tour de force. Mais je suis assez confiant», conclut Philippe.
* Prénom d'emprunt.

JULIEN MAGNOLLAY - 24 heures