02 septembre 2006

Morges prêt à lâcher sa taxe sur les divertissements


Inflexible avec Europlex, la Municipalité va faire un geste pour le maintien des deux salles de la ville. A condition que le repreneur soit Cinérive…

Du chantage! Il y a un an, voilà comment le syndic de Morges Eric Voruz qualifiait la supplique d'Europlex, coupable de réclamer mois après mois l'abolition de la taxe sur les divertissements. Mais ce ton péremptoire vient de changer, puisque les deux salles morgiennes ont été exclues de la fusion entre le groupe lausannois et Pathé, jetant une zone d'ombre sur l'avenir de l'Odéon.
Une situation subite mais bien réelle, d'autant que la fameuse taxe de 15% pèse beaucoup trop lourd dans les budgets des repreneurs potentiels. Ces arguments ont donc provoqué le revirement surprise de l'Exécutif, lequel a proposé hier de… supprimer cette facture, laquelle représente près de 110 000 francs par an. «Nous avons rencontré les responsables de Cinérive et nous nous sommes mis d'accord sur une programmation de qualité, avec de la culture et la séance à 15 francs», assure Eric Voruz.
Seul hic, la commune n'a rien à voir dans cette vente privée et rien ne dit que l'exploitant veveysan sera l'heureux élu. «Nous avons reçu plusieurs offres et la décision tombera dans les prochains jours», indique Brian Jones, patron d'Europlex, confirmant ainsi l'existence d'autres candidatures.
Le syndic prêt à tout remettre en cause
Une précision qui fait bondir Eric Voruz, lequel imaginait peut-être un peu naïvement qu'Europlex lui demanderait sa bénédiction avant de faire son choix. «Si c'est quelqu'un d'autre, nous remettons tout en cause, tonne l'élu socialiste. La suppression de la taxe n'avait pas pour objectif d'attirer d'autres repreneurs et si c'est pour cela qu'ils se manifestent sur le tard, il faut leur dire stop! Ce serait un coup de poignard et un acte malhonnête car Europlex nous a toujours parlé de Cinérive et de personne d'autre.»
Son directeur Marc Pahud ne peut ni ne veut en dire davantage, en attendant un verdict jugé imminent. «Morges fait partie de ces villes qui croient encore à la culture et à la diversité et nous pouvons répondre à ses attentes. Nous nous sommes engagés pour projeter une séance par jour consacrée au cinéma d'auteur et le manque à gagner sera compensé par la suppression de la taxe. On propose ce même type de programmation à Orbe, main dans la main avec la commune, et nous avons prouvé que nous savions tenir nos engagements.»
Reste à savoir à qui Europlex donnera ses faveurs. Et, petit détail d'importance, si le Conseil communal suivra la volonté de son Exécutif début octobre, en acceptant de faire une croix sur 110 000 francs.

24 Heures - 02.09.06