25 août 2006

Nyon - Plusieurs repreneurs potentiels pour le Capitole


Depuis le mariage d’Europlex avec Pathé, les salles obscures nyonnaises attisent les convoitises. L’avocat de la propriétaire, Grazia Ricciardi, analyse la situation.

Le Capitole a d’ores et déjà plusieurs prétendants. Mais la propriétaire, Grazia Ricciardi, n’a pas envie de remettre les clés de son «bébé» à n’importe qui. Même si elle n’est plus que propriétaire des murs depuis l’arrivée d’Europlex en 2003, le futur repreneur va devoir montrer qu’il est prêt à s’investir à fond dans ce lieu culturel nyonnais. / GEORGES MEYRAT/A «Il ne faut pas croire qu'un cinéma se gère comme un kiosque qui vend ses chewing-gums. Avoir un million sous le coude ne suffit pas. Il faut s'investir à fond», avertit d'entrée Paul Marville, l'avocat lausannois qui représente Grazia Ricciardi, propriétaire des murs du cinéma Capitole à Nyon. Il faut dire que les choses ne se déroulent pas aussi «facilement» qu'à Morges. Pour rappel, l'Atlantic à Lausanne, le Rialto Servette à Genève, l'Odéon à Morges et le Capitole ne faisaient pas partie du deal, lorsque Pathé avait racheté Europlex en mai dernier.
Etant donné qu'Europlex était tenu par un bail avec la salle nyonnaise jusqu'en 2012, l'entreprise française spécialisée dans les multiplex se doit de trouver quelqu'un capable de reprendre les rênes aux mêmes conditions. Et plusieurs repreneurs seraient sur les starting-blocks. «Si certains sont intéressés à reprendre le bail tel quel, d'autres demandent une baisse de loyer. Nous sommes également en contact avec des personnes qui ne désirent apparemment reprendre que les biens d'exploitation d'Europlex et, enfin, quelqu'un est intéressé par racheter carrément l'immeuble. L'ampleur de l'investissement est très importante, compte tenu des aspects financiers, personnels, culturels et sociaux.»
La société veveysanne Cinérive est depuis longtemps intéressée par les deux cinémas de La Côte. A Nyon, elle a déjà avoué trouver le loyer trop cher. Une chose est sûre, Grazia Ricciardi ne veut pas voir les deux salles, Fellini et Leone, fermer leurs portes définitivement. «L'intérêt est de maintenir un cinéma à Nyon, assure Paul Marville. Là-dessus, tout le monde est d'accord. La propriétaire aimerait pouvoir maintenir une offre culturelle la plus variée possible dans le chef-lieu du district.»


Le Capitole serait plus intéressant que l'Odéon
De plus et selon sa propre analyse, le cinéma nyonnais serait bien plus attractif que celui de Morges. ««En termes de comportement culturel, Nyon n'est pas qu'une simple ville de proximité comme pourrait peut-être l'être d'avantage Morges de Lausanne.»
Les négociations, quant à elles, ne devraient pas aboutir avant la fin du mois de septembre. Idem à Morges qui, par l'intermédiaire du syndic Eric Voruz, est toujours en tractation avec Cinérive. Rappelons que la société attend de la commune l'abolition de la taxe sur le divertissement, alors que les autorités ne veulent pas entrer en matière tant qu'ils ne sont pas sûrs des intentions culturelles du repreneur. Eric Voruz pense d'ailleurs depuis un certain temps à la création d'un festival de cinéma.


Une histoire vieille de plus de 30 ans
Le Capitole s'est progressivement glissé entre les mains de Carmine Ricciardi dans les années septante. Si à cette époque il n'y avait qu'une seule salle à disposition des cinéphiles de la région, en 1990, le propriétaire a décidé de partager ce volume de 420 places en deux salles, une grande (la Leone) et une plus petite (la Fellini), que les spectacteurs connaissent encore aujourd'hui.
Depuis toujours, le reste de la famille Ricciardi a mis la main à la pâte. D'abord l'épouse, Grazia, puis les filles. Lorsque survient, en 1994, le décès prématuré de Carmine, sa veuve s'est accrochée au comptoire pour que le «bébé» familial ne coule pas.
Après plus de trente ans passés au 28-30 de la rue Saint-Jean, elle décide de lâcher du lest.
Pas facile, car c'est une page très dense qui se tourne. Il n'empêche, en 2003, elle cède les rênes à Europlex. Une transaction qui voit disparaître le dernier cinéma indépendant de La Côte, la société exploitant déjà l'Odéon morgien et le Rex aubonnois.


Frédéric Valet - 24 Heures