Le Cinéma Numérique débarque à Vevey

La conversion des salles de cinéma traditionnelles vers le numérique est en marche et Vevey fait figure de pionnière en la matière. Au vu des avantages qu’offre cette nouvelle technologie, les jours du 35mm semblent comptés.
Encore à l’état d’expérimentation, le cinéma numérique n’est présent actuellement que dans un petit nombre de salles. Pas plus de 300 dans le monde, dont seulement une douzaine sur le territoire français et encore moins en Suisse. Après l’essai d’Europlex à Lausanne et à Genève, c’est au tour de Cinérive, société exploitant douze salles, dont cinq à Vevey et deux à Montreux, de figurer parmi les pionniers. Depuis plus d’un mois, une de ses salles veveysannes est équipée de cette technologie en test. «Nous aurons ainsi la possibilité de proposer des évènements exceptionnels dans le cadre de séances particulières, tout comme nous pourrons présenter tous les films dans tous les formats et toutes leurs expressions. C’est une nouvelle aventure pour Cinérive, dont nous allons explorer au fur et à mesure, toutes les possibilités», se félicite Yves Moser, directeur de Cinérive. «Le numérique véhicule une création nouvelle, dans une autre économie et une nouvelle pratique de programmation». Technologie la moins coûteuse Le cinéma digital ou numérique désigne les films qui ont une représentation digitale des données. Traditionnellement, les images d’un film sont captées sur une pellicule et projetées avec une pellicule, laquelle est un support physique. A l’avenir, ceci sera réalisé avec des caméras digitales et des projecteurs digitaux. C’est la même révolution qu’avec la photo numérique qui est en marche. En regard d’une projection classique en 35 millimètres, et en dehors de la qualité de l’image, les avantages du cinéma numérique sont nombreux. A commencer par l’aspect économique. Chaque année, tous les studios de cinéma dépensent des dizaines de millions de dollars dans la production des pellicules 35mm, standard actuel de projection, et toujours nécessaire pour approvisionner l’ensemble des salles du monde entier. Compte tenu du nombre important de langues et de sous-titres que les studios doivent considérer pour sortir leurs films à l’échelle internationale, le coût et la complexité engendrés par ces copies 35mm est immense! En ajoutant à cela les dommages inévitables que rencontrent ces pellicules à l’issue de projections répétées, tout porte à croire que les jours du 35mm sont comptés! Face à cela, la projection numérique reste la technologie la moins coûteuse, puisqu’une fois l’investissement réalisé en termes de transfert des données numériques, les films pourront être dupliqués et transférés, sans coût, vers l’ensemble des cinémas équipés de la planète. Et un seul et même «package» de données pourra contenir à la fois tous les sous-titres et toutes les pistes audio nécessaires pour assurer la projection des films, quel que soit le langage du pays! La création de films étant aujourd’hui à la fois chose artistique et commerciale, c’est forcément la technologie la moins coûteuse qui sera prise considération. Le bon en avant Si le cinéma numérique n’est encore que si peu présent dans les salles, c’est parce que cette technologie de projection cinématographique est nouvelle et ne disposait pas encore de véritables normes techniques permettant son universalité, et par là même sa standardisation à l’échelle mondiale. Mais depuis juillet 2005, la DCI, Digital Cinema Initiatives, organisation fondée en 2002 et regroupant les sept plus grands studios hollywoodiens, a publié un document rassemblant l’ensemble des spécifications techniques permettant de normaliser la projection digitale des films dans les salles obscures! Véritable pas de géant pour l’avenir du cinéma mondial, cet évènement représente un tournant historique pour les accros du tout numérique, à l’instar de George Lucas, premier véritable défenseur de cette technologie, et marque une avancée vers la démocratisation du cinéma numérique à l’échelle mondiale. Dans l’ensemble pourtant, toutes les mesures semblent profiter avant tout aux studios, qui verront à la fois leurs coûts de projection diminuer, alors même que leur pouvoir vis-à-vis des salles de projection grandira! Pourtant, il est certain que lorsque les Européens se seront accoutumés à la qualité qu’offre actuellement la Télévision Haute Définition, l’exigence en matière de qualité vidéo se fera ressentir de plus belle en matière de projection au cinéma ! Dès lors, le numérique sera vu comme une étape normale et sans surprise marquant sans doute l’histoire du Cinéma. Piratage quasi impossible L’autre avantage de taille du cinéma numérique et des projections entièrement digitales concerne la sécurité, le film étant tout à la fois copié et diffusé à travers le monde entier dans une qualité excellente, sinon parfaite. Premièrement, la nouvelle norme de projection numérique s’appuie sur une «packing list» permettant d’identifier, pour chaque cinéma, la liste des éléments autorisés à la diffusion, pistes audio et sous titres. Cet outil permet notamment au studio d’identifier, voire de stopper, la projection dans le cas où le cinéma aurait frauduleusement tenté d’accéder aux éléments sans accord préalable! D’autres manipulations peuvent aussi théoriquement faire l’objet d’une analyse des studios, qui seront en principe connectés de façon permanente avec les cinémas dont ils pourront observer une grande partie des activités! L’autre atout du standard, en matière de sécurité, repose sur un système nommé «watermarking», qui permet au studio, en cas de tentative frauduleuse de copie du contenu vidéo, de situer de manière précise l’endroit et le lieu exact où l’enregistrement a été effectué; le système en «filigrane» permettant de retrouver l’origine du piratage!
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