01 août 2006

Numérique - Les distributeurs prudents en Belgique


Dans une phase transitoire, cumuler numérique et copies films coûte plus cher.
Stephan De Potter est responsable de programmation chez CinéArt, plus important distributeur indépendant de Belgique («Le seigneur des Anneaux», «L'enfant», «Brokeback Moutain»...). A l'échelle européenne, le distributeur est un maillon essentiel, puisque c'est lui qui assure la vente d'un film auprès des exploitants et sa promotion vers le public. Il nous a livré ses impressions quant à la transition vers le numérique. «A ce stade, la coexistence des deux systèmes implique des coûts supplémentaires car il faut produire deux types de masters (NdlR: copie de référence pour les copies d'exploitation). Nous avions quelques copies numériques sur «Joyeux Noël» mais à cette époque nous devions faire face à deux systèmes numériques en Belgique avec des générations de matériel différentes. Ce fut un vrai casse-tête et au final une perte de temps et d'argent. Depuis, le marché planche sur un système éventuellement compatible. Nous allons sans doute remettre le couvert avec «Azur et Asmar», la nouvelle production de Michel Ocelot le 25 octobre prochain.»


Concernant les réflexions sur un nouveau modèle de distribution adapté aux spécificités du numérique, Stephan De Potter reste prudent: «La balle n'est pas vraiment dans le camp des distributeurs indépendants. Tant que la France et ses grands groupes d'exploitants (Pathé, UGC...) n'auront pas tranché le noeud gordien, il n'y aura pas beaucoup d'avancées en francophonie. Les salles art et essai belges sont très à la traîne en matière de digitalisation. Le CNC français a lancé une vaste étude, les résultats ne devraient pas tarder. De son côté, le réseau européen Media Salles se penche aussi sur la question sur la meilleure manière d'équiper valablement les salles indépendantes en Europe. Elles sont en demande de films mais les producteurs européens ne se sont pas encore fait à l'idée de mettre un master digital à la disposition des distributeurs. La situation qui fait que beaucoup de productions se font avec la France et que sur ce dossier la France reste à la traîne, vu la pression des grands groupes, ne facilite pas l'avancée du dossier.»

© La Libre Belgique 2006