Numérique - L'Europe réfléchit à son propre scénario

Aux Etats-Unis, les studios vont payer la facture. Ce modèle vaut-il pour l'Europe?
La conversion des salles à la projection numérique a un coût considérable qui concerne aussi bien les grands complexes que les petites salles: de 70 000 à 100 000 euros pour un projecteur, de 20 à 25 000 euros le serveur. Or, la DCI réunissant essentiellement les grands studios et certains exploitants américains ayant parfois jusqu'à 2 000 salles, les petits producteurs et exploitants risquent d'être exclus du nouveau modèle de distribution. La Commission européenne, toujours préoccupée par la sauvegarde de ses exceptions culturelles, a donc initié EDcine, un programme de réflexion de 9 millions d'euros, sur trois ans, coordonné par l'Université catholique de Louvain sous la direction de Benoît Macq, professeur au Laboratoire de télécommunications de l'UCL (1). «L'Europe a dans ce domaine une grande diversité, avec la présence de nombreuses petites salles et petits producteurs, nous a expliqué M. Macq. Le but est de faire prendre en compte par la DCI les besoins européens.»
Equipement gratuit
Il ne s'agit pas forcément de s'opposer à l'initiative américaine mais de la compléter. Plusieurs industriels importants participent d'ailleurs au débat, dont la société liégeoise XDC, un des leaders européens du secteur (lire ci-dessus). «Le modèle en cours pour l'instant aux Etats-Unis est celui développé par la société AccessIT, analyse Fabrice Testa, directeur marketing chez XDC. Cette société, qui travaille avec la DCI, propose aux exploitants de les équiper gratuitement. Elle se paie via un «virtual print fee», collecté auprès des distributeurs, qui correspond à l'économie réalisée sur le coût de la copie. Ce schéma fonctionne parce que les exploitants américains ne projettent pratiquement que des productions des studios qui sont partie prenantes au projet.» En Europe, le marché est différent, constitué essentiellement de petits exploitants. Avec le même système qu'aux Etats-Unis les petits distributeurs pourraient être exclus des salles ou alors ils devraient participer au «virtual print fee». XDC propose elle aux exploitants de louer le matériel. Dans une phase transitoire, c'est peut-être un modèle alternatif prudent. «Le cinéma numérique est encore à ses débuts, souligne Fabrice Testa. Rien n'est figé. Les choses bougent très vite...»
© La Libre Belgique 2006
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